Catherine Adda retrace l'historique des bâtiments de l'Ecole des beaux-arts de Paris, conçus, à l'origine, comme des "mises en abyme" de l'histoire de l'architecture. Plans et coupes de monuments antiques restituent le style éclectique du projet, tandis que maquettes et images numériques explicitent les extensions successives. Des vues surannées de Rome et de Florence nous invitent au rêve de l'Histoire.

En 1816, la Restauration attribue à l'Ecole des beaux-arts, institution jusque-là itinérante, un grand terrain face au Louvre, rive gauche. L'architecte Félix Duban, Grand Prix de Rome 1823, réorganise les bâtiments existants en s'inspirant des relevés archéologiques du portique d'Octavie à Rome. Sur le modèle de la "scola" antique, qui regroupait un temple-musée, une bibliothèque et des salles de cours, l'ancien cloître des Petits Augustins est affecté aux salles de cours, le bâtiment des Loges dédié aux concours, le palais des Etudes transformé en musée et en bibliothèque. L'enseignement de l'architecture est fondé sur la copie de fragments de l'antiquité gréco-romaine et des maîtres de la Renaissance : "Inventer et se souvenir est une même chose." Lorsque Duban meurt en 1870, l'Ecole est inachevée. Mais sa définition d'un art moderne éclectique "ni complet ni définitif" engendrera le style "Beaux-Arts", enseigné aux générations suivantes en Europe, en Afrique et en Amérique.

(Annick Spay)