Disparu trop jeune, Jean Zay (1904-1944) a pourtant laissé une empreinte durable dans l’histoire politique française. Grand réformateur, il a en particulier contribué à structurer l’industrie cinématographique française pour assurer sa pérennité et son rayonnement. Images d’archives et témoins à l’appui, Alain Tyr et Francis Gendron mettent en lumière cet aspect de l’œuvre d’un homme dont les cendres ont été transférées au Panthéon en 2015.

Devenu en 1936 le plus jeune ministre de la III^e République, en charge des Beaux-Arts et de l’Education nationale, Jean Zay est aussi (comme en témoignent ses filles) un cinéphile convaincu. Le film montre comment, aux côtés d’autres grandes réformes, il engagea dans les trois années précédant la Guerre une rénovation de l’industrie cinématographique française, fondée sur un soutien actif des pouvoirs publics : organisation d’un Congrès international du film en 1937 ; vote en 1939 d’une loi instituant des mesures visionnaires comme les visas d’exploitation ou les premières aides à l’industrie cinématographique ; création, en 1939 toujours, d’un Festival international du film à Cannes, dans le but de concurrencer la très "mussolinienne" Mostra de Venise. Cruellement, la Guerre empêchera la tenue du Festival, dont la 1ère édition aura finalement lieu en 1946, avec le succès que l’on sait. Assassiné par la Milice en 1944, Jean Zay ne sera, lui, jamais témoin de la postérité de son œuvre.

(Damien Travade)