Cette coproduction entre l'Atelier lyrique de Tourcoing et l'Opéra de Lille a le mérite de nous faire redécouvrir une oeuvre de Vivaldi (livret de Giacomo Cassetti), bien peu jouée. Inspiré de la Bible (Livre de Judith 10-13), l'enjeu dramatique de cet Oratorio militaire et sacré se prête tout particulièrement à la mise en scène délicate d'Alita Baldi.

Lorsque Vivaldi composa en 1716 Juditha Triumphans, il souhaitait rappeler aux Vénitiens leur guerre contre l'Empire Ottoman, et particulièrement le siège de Corfou qui fut d'une importance vitale pour la place de Venise dans l'Adriatique. Judith représentait Venise, et Holopherne, le sultan. La mise en scène d'Alita Baldi, remarquablement servie par le décor et les costumes de William Orlandi, redonnent à ce drame la dimension charnelle et psychologique qui manque, par définition, à l'oratorio. Les personnages évoluent dans un décor unique qui les plonge d'emblée dans une sorte d'enfermement militaire : plancher sombre légèrement incliné, trois grandes grilles au lointain créant un deuxième espace. La lumière rappelle les clairs-obscurs de la peinture italienne.

(Mario Fanfani)