Ce dense parcours chronologique de la vie de Lu Xun est muni de nombreuses photographies de l’écrivain et d’archives filmiques de l’Histoire chinoise. Accompagnés d’interviews de ses "héritiers spirituels" ou de ceux qui l’ont connu et publié, ses textes, lus par Bernard-Pierre Donnadieu, dont La Véridique Histoire de Ah Q, sont les fils conducteurs d’un film qui parcourt les lieux où l’écrivain a vécu.

Fils aîné d’une famille de lettrés de tradition confucéenne, Lu Xun était appelé à devenir mandarin, mais une incartade de son grand-père ruine la famille. À 17 ans, il entre dans une école de Nankin, enseignant, outre les textes chinois, l’anglais et le sport, et découvre les philosophes grecs par le biais d’Huxley. À Tokyo, il se lance dans la traduction d’œuvres étrangères. Revenu dans sa ville natale, il devient en 1912 l'un des premiers fonctionnaires de la nouvelle République. Pour la revue La Jeunesse, il écrit Le Journal d’un fou (1918), texte fondateur de la nouvelle littérature chinoise, et poursuit en critiquant l’ancienne société, puis la société urbaine (Errances, 1924 ; Le Regard du passé, 1925). Enseignant à Shanghai, à Canton, il combat la dictature montante, publie des essais, et fonde en 1930 la Ligue des écrivains de gauche. Pour les intellectuels chinois, l’esprit critique de Lu Xun, sans prédécesseur ni successeur, est lié à l’évolution de la Chine.

(Christine Rheys)