Nina, 16 ans, passe l’été dans son village du sud de la France. Alors qu’elle vient de voir une météorite tomber dans la montagne, elle rencontre Morad dont elle tombe amoureuse. Le format de l’image, du 4/3, ne trompe pas : pour son premier long métrage, Romain Laguna dresse un portrait – celui de Nina, incarnée par une non-professionnelle, l’inoubliable Zéa Duprez qui est de tous les plans. Le réalisateur donne également la part belle aux paysages de sa région natale, l’Occitanie.

Le récit s’empare avec brio des codes du naturalisme à la française : une adolescente fiévreuse, des parents absents, un petit job d’été dans un parc d’attractions, une rencontre amoureuse et une définition sociale qui s’incarne en premier lieu dans l’architecture – l’immeuble inaccessible de Morad, la zone où errent les adolescents. Mais le regard du réalisateur décadre le genre de la chronique initiatique. Dès le début, la météorite que Nina voit place la jeune fille dans un espace symbolique. Dans le parc où l’on peut entendre d’étranges cris d’animaux, elle joue avec des dinosaures miniatures. Et quand elle boit à la rivière, elle est filmée derrière les feuilles, comme si la nature la regardait. Alors que Nina perd son travail et son amant, le film se débarrasse des oripeaux du réalisme pour cadrer le personnage face à l’immensité. Les paysages deviennent intérieurs, et le cratère de la météorite le reflet de toutes les cicatrices.

(Martin Drouot)