Au centre de Paris, Christine vit sous un pont et se tient à l'écart des autres sans-abris, préférant la compagnie des oiseaux et des chats à celle des humains. Une nuit où la neige tombe comme dans un conte d'Andersen, elle recueille malgré elle un tout jeune réfugié prénommé Suli. Touchée par le garçon, elle part avec lui à travers la ville pour retrouver sa mère avant son expulsion du pays.

Dans son documentaire Au bord du monde (2013), Claus Drexel redonnait visibilité et dignité à celles et ceux que les regards évitent, dans un Paris nocturne aux architectures magnifiées par des lumières dorées. C'est à partir de Christine, l'une des figures qu'il avait interrogées, qu'un désir de fiction est né. Pour construire ce personnage dans la lignée de quelques illustres clochards célestes de l'histoire du cinéma, la comédienne Catherine Frot s'est appuyée sur ses propres échanges avec des sans-abris, avant de partager avec eux l’une des scènes qui ouvrent le film. Au bord du monde et Sous les étoiles de Paris possèdent le même parti pris : raisons et drames qui conduisent à la rue n’y sont pas abordés, si ce n’est de façon souterraine. Mais quand le documentaire soulignait la solitude de ses figures, la fiction réunit deux victimes de la grande exclusion et dépeint la complexité des relations entre les êtres : tout au long de leur périple, les deux personnages feront face à l’hostilité et au racisme mais pourront heureusement compter sur de précieux élans de générosité.

(Damien Truchot)