Gaza, 2018. Piero Usberti, jeune italien de 25 ans, s’y rend, à la faveur d’échanges avec la Palestine organisés par son père, universitaire.

Il rencontre des jeunes de son âge et témoigne : Sara travaille pour une association de femmes victimes de violences ; Mohanad, blogueur communiste, a maille à partir avec les autorités ; Jumana, enseignante, rêve de devenir journaliste. Et d’autres encore, pétillants de vie. Ils sont tout à la fois l’objet et le relai de son regard porté sur une population, l’une des plus jeunes au monde, vivant dans un territoire de 40 km de long et 6 à 12 km de large. Une vitalité joyeuse déployée sur fond de manifestations pacifiques, dites de "la marche du retour", commémorant le 70ème anniversaire de la Nakba (la catastrophe de l’occupation israélienne en 1948) pour le droit au retour et la levée du siège imposé depuis 2006. Le film commence par le cortège funèbre d’un jeune photoreporter, Yasser Mortaja, l’une des premières victimes de ces manifestations. Au-delà ou en-deçà des souffrances endurées par les Gazaouis, le film est un témoignage d’un jeune italien sur des jeunes palestiniens de Gaza, sur leur vie, leurs désirs et leur ambition et, à travers eux, sur la vie d’une population confinée dans une prison à ciel ouvert. Si Voyage en Italie de Rossellini est une fiction emminemment politique qui fonctionne comme un documentaire, Voyage à Gaza est un doucumentaire dont le contenu dépasse parfois la fiction. Le montage est fini en 2023, et le film est sorti en novembre 2024 dans un contexte qui donne à ses accents nostalgiques une résonance toute particulière.

(Tahar Chikhaoui)