L’interview de l'architecte Christian Hauvette s’insère entre les images de ses réalisations. Ainsi, expose-t-il les concepts qui ont mené à l’édification de bâtiments publics (Ecole nationale supérieure d'ingénieurs au Mans, rectorat de la Martinique, lycée technologique à Clermont-Ferrand, crèche et bureaux de l'Agence française de développement et de la Caisse des dépôts et consignations à Paris), et de logements à Rennes et à Paris.

Pour Christian Hauvette (1944-2011), l’architecture s’apparente à l’écriture. Au Mans, un mur graphique continu dans lequel s’insèrent des ventelles à ouverture variable vient remplacer les fenêtres, rémanence du XIX^e siècle. Pour le rectorat de la Martinique, les contraintes de base (conférer au bâtiment une climatisation naturelle) ont conduit à une écriture fine où les jalousies, les brise-soleil, les volets de contrôle délivrent de la notion de cloisons. Pour toute réalisation, il cherche la métaphore à travers laquelle le bâtiment devient fonctionnel, l’utilisateur étant une abstraction qui fait partie des données. Il s’agit de remettre en évidence des valeurs d’usage alors que la société s’emballe dans les signaux. La ville du XX^e siècle étant incertaine, diverse, désorganisée, l’architecture est un art qui doit pacifier. Savante et emprunte de classicisme, avec un poids et une gravité, elle fait preuve d’un amour de la matière nécessaire pour transformer la sauvagerie en lieu.

(Christine Rheys)