Nous commençons et terminons ce portrait du contre-ténor Fabrice di Falco par sa reprise étonnante de Carmen (de Bizet) dans le rôle titre, au festival Les Grandes Heures de Cluny avec l'orchestre philarmonique de Kharkiv. Pendant les presque deux ans qui précèdent, Gilles Moisset suit ce natif de la Martinique dans ses nombreuses activités. Doté d’une impressionnante tessiture de voix, Fabrice di Falco est déjà un grand nom de l’opéra.

“La Martinique n’est pas cantonnée qu’au boudin, aux accras de morue et au rhum, mais aussi à l’opéra !“ rappelle Fabrice di Falco à la foule qui l’acclame dans les ruines du théâtre de Saint-Pierre, cette institution qui faisait la fierté des Caraïbes, jamais reconstruite après l'éruption volcanique de 1902. Né en 1974 d'une mère martiniquaise et d'un père italien, le contre-ténor ou sopraniste s'est envolé pour les grandes scènes du lyrique dès sa sortie du Conservatoire en métropole. Aujourd'hui, il mène le combat pour donner aux jeunes chanteu.rs.ses des Antilles la chance de se lancer et d'être visibles en tant qu'hommes et femmes de couleur sur les scènes internationales, à l'instar de Barbara Hendricks, qui fut un véritable déclic pour lui. En portant le concours Voix des Outre-mer, il a déjà fait émerger des dizaines de talents. Touche-à-tout, jovial et chaleureux, le chanteur s’attaque à toutes les partitions possibles. Artistes, journalistes et même la ministre des Outre-mer tressent sa couronne de lauriers.

(Noé Vidal-Giraud)