Dans ce portrait réalisé par son éditeur français, haletant et chaotique, dense et violent comme son écriture, le "révérend" Ellroy en personne, autoproclamé "bête à la trique lubrique", mène la danse. Ses propos et sa visite guidée de L.A., territoire d’expérience et protagoniste de la majeure partie de son oeuvre, sont scandés par des citations, tirées de Ma part d’ombre (1996) en particulier.

De Brown’s Requiem à L.A. Confidential, du Dahlia noir à American Tabloïd, l’insertion dans la trame narrative d’éléments empruntés à la réalité, publique ou privée, apparaît comme une constante. Mais dans Ma part d’ombre, "infinie catharsis autant que cri d’amour", toute fiction est évacuée. Car ce livre résulte de la plongée rétrospective et introspective effectuée par James Ellroy pour tenter, 35 ans après, d’appréhender l’événement qui a "défini sa vie" et forgé sa personnalité : El Monte, dimanche 22 juin 1958. A l’angle de King’s Row et Tyler Avenue, un groupe de gamins découvre le corps d’une femme rousse d’une quarantaine d’années – Geneva Hilliker Ellroy, sa mère. Meurtre jamais élucidé, survenu lorsqu’il avait 10 ans – noeud de sa passion pour les femmes et de son obsession du crime.

(Myriam Bloedé)