"Que pouvons-nous faire ensemble pour les parties communes de nos immeubles ?" La question taraude le comité d’habitants de la Cité Beaumarchais à Montreuil, en banlieue parisienne. C’est que l’idée d’un espace ouvert à tous s’est usée à la réalité des déprédations et des nuisances, côté cours et côté jardins. Paroles d'habitants et constat amer des deux architectes, qui ont réhabilité il y a vingt ans cette ancienne usine en logements sociaux.

Les tessons de bouteilles jonchant les sols, les boîtes aux lettres et les bancs saccagés, les peintures écaillées, les grilles à digicodes et les espaces de circulation murés font oublier le temps pas si lointain où la cité fut le laboratoire d’une extraordinaire expérience architecturale dont tous les habitants devaient bénéficier. Aujourd’hui, deux camps retranchés : les jeunes, pour qui "le bruit c’est la vie", et les bandes, "une identité" ; les adultes, que le sentiment d’insécurité a fait fuir les jardins et les cours. Le manque de dialogue intergénérationnel et l’absence des jeunes aux réunions ont consommé la rupture. En place d’une vaine répression, les habitants tentent la mise en chantier d’une réfection collective des parties communes, sous l’œil surpris et intéressé des plus jeunes. Les architectes, quant à eux, ne perdent pas leur humour : "On revient sur le lieu de nos crimes !"

(Doucha Belgrave)