En périphérie de Tours, entre l’autoroute et les voies de chemin de fer, Caroline Le Roy découvre que la maison dans laquelle sa grand-mère a vécu quarante ans est à nouveau habitée. Construite en préfabriqués dans les années 1960, la maison avait accueilli la famille après son rapatriement d’Algérie. Aujourd'hui, l’association Émergence en a fait un lieu d'hébergement de jour pour des familles de migrant.e.s. La Maison immobile ou le portrait croisé d'existences en quête de stabilité.

Dans ce lieu sans grâce émerge une maison couverte de graffitis, que Caroline Le Roy filme sous la neige et au printemps. À côté de la porte d'entrée, une petite plaque de métal témoigne encore de la longue présence des Murcia. Comme l’affirme la cinéaste en voix off, "l’histoire se répète" : les migrant.e.s d’aujourd’hui ont succédé aux pieds-noirs d’hier. Chacun.e cherche à se construire un foyer, l’hébergement étant la clé de voûte de toute intégration. De la vie des Murcia, il ne reste que des photographies et quelques films en Super 8 révélant une famille aimante. Le silence des archives se comble par les souvenirs que la réalisatrice a recueillis auprès de sa grand-mère dix ans auparavant. Si la maison est immobile, elle voyage à travers la mémoire de ses différents occupants – de cette langue espagnole qui berçait l’enfance de Mme Murcia aux chants des Tchétchènes durant la lessive. Alors que l’angoisse et la violence sont en permanence latentes - les appels incessants au 115 -, La Maison Immobile démontre une résilience partagée entre différents flux migratoires en France.

(Robin Miranda das Neves)