Après La Cité rose (2013), Julien Abraham poursuit son exploration de l’adolescence et de la famille avec l’histoire de Teddy, 17 ans, accusé du meurtre de son père et placé dans un Centre éducatif fermé (CEF). Le casting solide des éducateurs et psychologues – Jalil Lespert, Aïssa Maïga, Hiam Abbass – encadre de jeunes inconnus ainsi que le rappeur MHD, remarquable dans le rôle de Teddy.

Structuré en flashbacks qui nous révèlent peu à peu la scène originelle (le meurtre du père), le récit offre une véritable psychanalyse à Teddy et aux adolescents violents placés dans le CEF. Inspiré par une pratique réelle, la psychoboxe, le film avance par combats successifs : chaque coup esquissé rapproche un peu plus Teddy de sa vérité. Les espaces deviennent symboliquement des rings où le jeu peut à tout moment déraper dans la violence. Ainsi c’est entre des cabines de douche que Enzo, le caïd détrôné du centre, revit une scène traumatique, et c’est sur un toit, encerclé par le vide, que Teddy est confronté au secret qu’il aimerait taire. Les deux rivaux, le Blanc et le Noir (le "Tintin" et le "Renoi"), finiront par s’allier, se reconnaissant comme le double inversé l’un de l’autre. Il y a du mythe dans Mon frère qui se construit autour d’un parricide et filme ses personnages comme des demi-dieux déchus dans un monde qui leur échappe.

(Martin Drouot)