Renonçant à toute perspective historique, Michel Van Zele met l’accent sur la relation de Pierre Bonnard (1867-1947) à Marthe, sa compagne et modèle. Les toiles, filmées dans un tempo juste qui laisse le temps de les regarder, sont commentées par des peintres ; des reconstitutions nous présentent les lieux habités par Bonnard sous le même angle que les peintures.

En juxtaposant des surfaces planes sans modelé, Pierre Bonnard s’oriente très vite vers une économie de moyens picturaux qui s’inspire des procédés de l’art japonais. Les couleurs sont placées en fonction de l’intensité de leurs rapports et les formats des toiles varient au cours du travail, fait sans précédent dans l’histoire de l’art. Ses observations sur la peinture rendent compte d’une différence entre la vision immédiate et la mémoire visuelle : il s’agit de nourrir par la mémoire "la première vision émue, instantanée". Dès lors, Bonnard ne demandait pas à ses modèles de prendre la pose, mais au contraire, d’être constamment en mouvement. Les portraits de Marthe, dans de multiples situations, tendent vers cette perception et semblent symboliser la beauté de la présence humaine.

(Christine Rheys)