À Mayotte, trois femmes se lancent dans l’aventure entrepreneuriale grâce à un micro-crédit accordé par l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) qui facilite l'accès aux financements des personnes exclues du système bancaire traditionnel : l'une veut ouvrir un institut de beauté, l'autre vient d'inaugurer son snack, la troisième fait revivre la ferme familiale.

Porté par une narration immersive, le film explore sur plusieurs mois les réalités de trois situations micro-entrepreneuriales sur une île où les femmes « dirigent plus de la moitié des entreprises créées à Mayotte » : lenteurs administratives, attente – d'un conteneur ou d'un client -, insécurité, surcharge mentale, mais aussi solidarité et transmission familiale jalonnent le parcours de ces trois femmes. En focalisant son propos sur des mères entrepreneures accompagnées de leurs filles, reléguant ainsi les figures masculines au second plan, Les pionnières de Mayotte rend compte d'une société matriarcale en mouvement en mettant en lumière le rôle central des femmes dans l’économie locale et la société mahoraise. Si certaines n'auront, à l'issue du documentaire, pas encore atteint leur rêve entrepreneurial, chacune témoigne de la fierté du chemin difficilement parcouru : le film se voit ainsi comme un hommage rendu à ces figures de bravoure et de résilience, comme le résument les mots de clôture du documentaire prononcées par l'une des filles de l'agricultrice à propos de sa mère : « elle, c'était une sacrée femme quand même ! » 

(Théophane Séguy)