En Roumanie, les musiciens professionnels sont traditionnellement des Tziganes. Organisés en bandes ou tarafs, ils véhiculent, non seulement la tradition tzigane proprement dite, mais tous les styles de leur région d'accueil. C'est l'un de ces tarafs, le Taraf des Haïdouks ou "bandits justiciers", que Guy Demoy nous emmène découvrir au village de Clejani et sur les routes d'Europe.

Remise à l'honneur par les circuits world, la musique tzigane est l'une des plus vivaces du XX^e siècle. Pourtant, en Roumanie comme ailleurs, son évolution menace la scène traditionnelle, et les jeunes ont la tentation de se détourner du métier de leurs pères. Pas à Clejani. Grâce aux efforts d'un tourneur belge, la jeune génération des Haïdouks a choisi de s'acharner sur ses cordes, accordéons et autres cymbalums, pour échapper au destin de leurs congénères réduits à "voler et manger des poules mortes". Le film nous conte cette belle histoire dans la veine locale : un sens acéré du réel allié à un débordement de fantaisie. Les musiciens crèvent l'écran, donnant au documentaire des allures de fiction, et le tout est truffé de performances à couper le souffle.

(Hélène Lee)