La bibliothèque du collège d’Exeter (1966-1971), située non loin de Boston aux Etats-Unis, est l’œuvre la plus emblématique de Louis I. Kahn (1901-1974). Richard Copans en retrace la genèse en s’appuyant sur les principes énoncés par l’architecte américain dans ses écrits : distinction entre espaces servis et espaces servants, usage de la géométrie élémentaire (cercle, carré, cube) pour donner aux constructions une monumentalité, voire un certain mystère.

Pour répondre au programme qui précisait que “le plus important n’est pas d’abriter des livres mais des lecteurs”, Kahn dessine une typologie inhabituelle : chaque lecteur dispose d’un petit espace individuel de lecture éclairé par une fenêtre. Ces espaces occupent le périmètre extérieur de chacun des niveaux d’un cube de huit étages. Dans le périmètre intérieur, il dispose des rayonnages accessibles par tous, contrairement aux bibliothèques anciennes où les livres se trouvent dans un magasin fermé. Le cœur du cube est occupé par un hall monumental d’une hauteur de six étages. Tout dans cet espace n’est que géométrie élémentaire : le plan en carré, la croix surdimensionnée en béton qui permet de soutenir le plafond, les quatre oculi gigantesques percés dans les murs du hall, qui laissent apercevoir l’ensemble des rayonnages situés en arrière. La diversité des espaces est marquée par les éclairages (petites fenêtres latérales, baies plus larges ou encore lumière zénithale) mais aussi par les matériaux utilisés : brique pour la façade et les espaces de lecture, béton brut pour les espaces de stockage, bois pour les rayonnages et l’ensemble du mobilier, travertin pour le sol du hall.

(Achille Racine)