A Villapaz, en Colombie, Victor González a décidé coûte que coûte de faire du cinéma. Loin, très loin de Cannes et d’Hollywood, sans argent et armé de sa seule détermination, il réalise avec les moyens du bord des films de divertissement qui chroniquent le village et sa population. En l’accompagnant dans son quotidien de réalisateur désargenté, le film rend hommage à son travail, et célèbre un amour du cinéma plus fort que tout.

Difficile d’imaginer cinéma plus pauvre que celui de Victor González. Son studio, ce sont les rues de Villapaz, les forêts ou le rio avoisinants. Ses acteurs, les habitants du village, et parfois sa propre famille, qu’il est incapable de payer, mais qui, tous, sont fiers de participer à l’aventure. Son matériel, un appareil photo emprunté à son frère, véritable révolution comparé au petit téléphone portable utilisé à ses débuts. Malgré cela, Victor a déjà tourné une dizaine de films. Des films souvent violents, n’hésitant pas à faire appel à l’épouvante (La Main velue, 2010) ou au mélodrame (Malchance, 2011), mais toujours empreints d’une ambition sociale et politique sincère. S’il rêve d’envoyer un jour un de ses films à Cannes ou à Carthagène, Victor est déjà quoi qu’il en soit une vraie figure de son village. Comme le disent fièrement les habitants, grâce à Victor, Villapaz existe autrement qu’à travers ses plantations de cannes à sucre ou de bananes.

(Damien Travade)