Neda, étudiante syrienne menacée dans son pays, a dû fuir la Syrie pour s’installer en France. Comment se reconstruire dans un pays en paix, alors que son frère et sa mère vivent encore les horreurs de la guerre ? Jours et nuits, entre bouffées de cigarettes et démarches à l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), Neda, rongée par l'inquiétude, tente de joindre sa famille. Si pour son petit ami Mazen, lui aussi réfugié, il faut tourner la page, la violence de l’exil s’intensifie pour Neda entre culpabilité, éloignement et solitude.

Avec Seul le silence, Katia Jarjoura, réalisatrice libano-canadienne raconte une histoire inspirée de celles d'exilés qu’elle a rencontrés. A travers le mal-être nébuleux de Neda, incarné par l’actrice syrienne Masa Zaher, c’est son sentiment de culpabilité qu’elle raconte. Née d’un père libanais et d’une mère canadienne, Katia Jarjoura a vécu au Canada avant de sillonner les routes du Moyen-Orient pour documenter les zones de conflits. Habitée par un sentiment de décalage entre une terre d’accueil et un pays d'origine déchiré, elle écrit le scénario mémoriel de Seul le silence, tourné à Rouen et habité par la Syrie, dédié à Fadwa Suleimane, actrice poétesse et activiste, icône de la révolution syrienne qui a fui elle aussi, menacée par le régime. Comme pour Fadwa, comme pour Katia, comme pour toutes les personnes exilées loin de leur pays en guerre où sont restés leurs proches, seul le silence de l’impuissance résonne dans le cœur de Neda.

(Mélanie Simon-Franza)