Florie, jeune mère réunionnaise, participe à la Diagonale des Fous, un grand raid de trois jours et trois nuits à travers l’île et ses paysages montagneux. Tandis qu'elle court, déterminée, remontent pourtant en elle les épreuves d'un passé violent. Peut-être l’effort lui permet-il de les surmonter, car plus rien ne l’arrête, pas même une intense douleur physique. La ligne d’arrivée approche et ce qui se joue véritablement là pour Florie nous sera peu à peu révélé.

Que Florie termine le parcours ou qu’elle abandonne, elle sera reconduite dans la cellule qu'elle a été autorisée à quitter pour entrer dans la course. À l’exception de son entraîneur qui mentionne au début du récit l’existence d’un document qu’elle devra impérativement présenter le cas échéant, nul ne peut deviner sa trajectoire personnelle et ce qui l’a menée en détention : ni les soigneurs qui s'inquiètent de l’état de son genou, ni ce participant qui choisit de poursuivre à ses côtés et veillera sur elle jusqu’au bout. Pour témoigner du courage de ces détenus qui désormais peuvent réellement participer à cette course renommée – "comme de simples citoyens, sans surveillance particulière", ainsi que le rappelle le carton final, Julie Jouve et Rida Belghiat mettent en scène une subjectivité à fleur de peau, appréhendée le plus souvent de dos, au plus près de la respiration et des voix intérieures. La caméra accompagne une véritable libération, et c’est une victoire intime que Florie peut d’ores et déjà savourer : derrière la progressive réouverture aux autres qu’expérimente la jeune femme à partir du geste d’entraide se devine l’ébauche de son futur processus de réinsertion.

(Damien Truchot)