Chacun des douze volets de ce portrait commenté par Jean Starobinski, dans lequel Yves Bonnefoy n’intervient que comme lecteur de ses textes, s’ouvre sur les mots d’un poète – Rimbaud, Baudelaire, Breton... ou Bonnefoy. Façon de souligner que la poésie, à laquelle il revient périodiquement, est la "pierre absolue" de son oeuvre. "Mais la poésie se présente à chaque fois comme une nouvelle épreuve."

Ecrivain prolifique, Yves Bonnefoy (1923-2016) est poète donc, mais aussi auteur de nombreux textes en prose, traducteur (de Shakespeare notamment) et essayiste. Théoricien de l’art et de la poétique, il a enseigné dans différentes universités avant d’être nommé, en 1981, au Collège de France où il succède à Roland Barthes. Fruit d’une intense période de maturation intellectuelle, son premier recueil, Du mouvement et de l’immobilité de Douve, paraît en 1953. Conjuguant l’épreuve du renoncement à la tension vers la "présence", l’oeuvre du poète se prolonge dans un dialogue, profondément actuel, avec les poètes et les peintres du passé, pour s’ouvrir à une véritable communauté d’échange avec ses contemporains (Paz, Celan et Du Bouchet avec qui il collabore au sein de la revue L’Ephémère, ou Raoul Ubac).

(Myriam Bloedé)