Asphalte, cinquième long métrage de Samuel Benchetrit, est adapté de ses nouvelles autobiographiques Les Chroniques de l'asphalte (2005-2010). Soient trois rencontres autour d’un HLM perdu dans un no man's land. Une actrice (Isabelle Huppert) se fait aider par un jeune voisin (Jules Benchetrit). Un astronaute américain (Michael Pitt) tombe du ciel chez Mme Hamida (Tassadit Mandi). Le solitaire Sternkowitz (Gustave Kervern) s’attache à une infirmière de nuit (Valeria Bruni-Tedeschi).

Le format carré de l’image ne trompe pas : tout ici est une question d’enfermement. Les personnages chutent, que ce soit physiquement ou métaphoriquement : l’astronaute tombe de l’espace, Sterkowitz s’écroule sur son vélo d’appartement et se retrouve en fauteuil roulant, alors que Jeanne, star oubliée, est tombée de son piédestal. Mais chacun trouve face à lui une aide inattendue. Le jeune voisin ouvre les portes à l’actrice bloquée sur le palier, puis la regarde vraiment, la filmant telle qu’elle est. Si Mme Hamida ne peut pas nourrir son fils en prison, elle offre une place chez elle à l’astronaute perdu. Le misanthrope Sternkowitz est, dans un champ contrechamp comique, exclu du cadre des voisins qui lui refusent l’entrée de l’ascenseur, mais il trouve un espace bienveillant auprès de l’infirmière fatiguée et s’approche d’elle, utilisant le cadre d’un appareil photo sans pellicule. Finement tissées, ces trois histoires finissent par n’en raconter qu’une, celle d’un espace ouvert et poétique, celui de la solidarité.

(Martin Drouot)