Le procès de Maurice Papon s'ouvre le 8 octobre 1997 à Bordeaux. Un feuilleton judiciaire - ponctué de coups de théâtre et de polémiques fiévreuses - qui va s'éterniser six mois. Et que le réalisateur a choisi de suivre "de l'extérieur" en filmant, au jour le jour, le travail des reporters, des chroniqueurs, des caricaturistes et des dessinateurs judiciaires assurant la couverture médiatique du procès.

Aboutissement de sept ans de procédure, l'ouverture du procès Papon fait la une de tous les médias. Les journalistes sont eux aussi sur la sellette pour traiter chaque jour l'information et faire face à la concurrence sévère de leurs confrères. Devant le Palais de justice, sous la déferlante des flashs, des micros et des caméras, l'"actu" se vit au quotidien : batailles de procédures, déclarations d'avocats, défilé de témoins, d'historiens et de résistants, rebondissements, revirements, décisions commentées de suspendre ou d'interrompre le procès... Avec à la clé, quand la "matière" vient à manquer, la tentation, pour les journalistes, d'anticiper les débats, de retravailler les témoignages, de recréer l'événement et le spectacle. Au fil du temps, la pression se relâche, mais les plaidoiries vont remobiliser tout le monde. La condamnation à dix ans d'emprisonnement canalise une dernière fois l'attention sur un Maurice Papon "impassible" et sur des parties civiles en partie "soulagées".

(Doucha Belgrave)