A l'instigation d'Emmanuelle Olivier, jeune ethnomusicologue, cinq chanteurs et danseurs bochimans quittent pour la première fois leur village du Kalahari, en Namibie, pour se produire à Paris, sur la scène de la Maison des cultures du monde. Avec poésie et humour, comme un clin d'oeil au film Les dieux sont tombés sur la tête, Stéphane Jourdain suit leur périple.

La chercheuse Emmanuelle Olivier collecte inlassablement un répertoire de polyphonies vocales accompagnées de harpes, de sanzas, d'arcs musicaux ou de tintements de bracelets de cheville, transmis à travers les générations et organiquement lié à la vie sociale et religieuse de la communauté. Le documentaire traduit l'émotion de chaque instant de la visite des Bochimans en France, depuis la préparation du concert jusqu'à l'ascension de la tour Eiffel et à la réception au musée de l'Homme. Les commentaires sont formulés en anglais par les générations qui ont fréquenté l'école, ou dans le parler tout en claquements de langue et en bruits de baisers des Bochimans. Petites figures hiératiques parées comme des divinités sans âge, de retour dans les cases rondes de leur village miniature, ils ne songent qu'à replonger dans la forêt. Le film s'achève par un chant déchirant sur la disparition irréversible d'une vie fondée sur la chasse et la cueillette.

(Anaïs Prosaïc)