Lorsqu'il meurt en 1924, l'essentiel de ses écrits est inédit et Kafka est totalement inconnu au-delà du cercle des proches et admirateurs. Mais contre sa volonté que soient brûlés "ses griffonnages honteux", son ami Max Brod va publier cette oeuvre immense. Classique dans son organisation sinon dans sa réalisation, ce portrait met l'accent sur l'extraordinaire productivité du "myhe Kafka".

Ce mythe tient à la fécondité de l'oeuvre, à son inachèvement et à sa diversité, autant qu'à la complexité de l'homme. Contre son "inaptitude à vivre", Kafka n'avait en effet qu'une certitude à opposer, la richesse de son monde intérieur et la nécessité de le libérer et de s'en libérer par la littérature. Il se voua donc à l'écriture, envers et contre tout : ce père haï et admiré, sa propre difficulté à déterminer son identité culturelle, l'ambivalence de ses rapports avec les femmes, la ville de Prague et son emploi aux Assurances ouvrières, auquel il ne renonça pas en raison de la lenteur de sa production littéraire...

(Myriam Bloedé)