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Résumé
Off Power rappelle à quel point l’électricité, dès son apparition, a été essentielle au développement de la colonie de Hong Kong. À l’image, s’impose l’architecture brute de la centrale électrique désormais installée sur l’île de Lamma. Au son, un bruit blanc manifeste l'omniprésence dans le paysage du « fluide des sociétés modernes » et se transforme progressivement en un inquiétant bourdonnement. L’éclairage urbain coupé, la ville se voit plongée dans la plus complète obscurité.
Théodora Barat travaille autour de l’ambiguité du mot « power » qui, en anglais, évoque à la fois l’énergie et le pouvoir politique. À l’apparition du texte qu’elle insère entre des plans fixes d’architectures où la figure humaine s'absente, son montage joue, non sans malice, autant avec les codes du film institutionnel qu’avec une interaction constante entre mots et images propre à rappeler le cinéma de Chris Marker. Alors que l’évolution de l’intensité du fond sonore est éclairée par le texte évoquant une étrange contamination des infrastructures électriques, le film dérive lentement du côté de la science-fiction. La cinéaste propose un stimulant récit d'anticipation écologiste : en s’appuyant sur des effets cinématographiques et plastiques (nuit américaine, fondu sonore évoluant du bruissement sourd vers un étourdissant fourmillement, points de vue en mouvement), elle fait le rêve non-anthropocentré d’un vacillement des architectures autoritaires, qu’une reprise de pouvoir salutaire par le vivant pourrait concrétiser.
(Damien Truchot)
Compétition française, Cinéma du Réel 2022.
Descriptif technique
- Réalisation
- Théodora Barat
- Année
- 2021
- Durée
- 17'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Le film commence par une succession d’images de rues, de bâtiments et de scènes quotidiennes ponctuée de simples cartons expliquant l’histoire de la centrale électrique de Hong Kong. Maintes fois déplacée et aujourd’hui installée sur l’île de Lamma, c’est à elle que l’on doit la folle croissance de la région. Mais que se passerait-il si pour une raison ou une autre, elle s’arrêtait soudainement de fonctionner, privant ainsi tout le territoire d’électricité ? C’est à cette possibilité que nous confronte ici Théodora Barat. Grâce notamment à un impressionnant travail sur le son, la réalisatrice nous alertait pourtant dès les premières images du film sur la menace qui planait sur cette société en apparence bien banale. Malheureusement, le danger ne devient concret que lorsqu’il est trop tard. Même si le récit vire ici à la science-fiction, Théodora Barat nous livre ainsi une œuvre angoissante incroyablement actuelle.
Delphine Ledru, Bibliothèque Mériadeck, Bordeaux