Foi chrétienne, idéologie communiste, engagement, goulag, exil et clandestinité – le destin et l’oeuvre d’Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) épousent les méandres de l’histoire de la Russie soviétique. Telle est l’orientation de ce portrait où la parole de l’écrivain est complétée par des citations de ses écrits (illustrées par des images documentaires ou fictionnelles), des témoignages et des photographies.

S’il en eut le désir précoce, la véritable naissance à l’écriture d’Alexandre Soljenitsyne est le fruit d’une série de paradoxes. Comme il était dangereux, dans l’Etat soviétique de la fin des années 1930, de s’intéresser à la littérature, il s’oriente vers la physique et les mathématiques quand la guerre survient. Mobilisé en 1941, il est officier dans l’Armée rouge. Mais en 1945, sa conviction marxiste l’amène à critiquer Staline. Condamné à huit ans de goulag, c’est là qu’il commence à écrire : d’Une Journée d’Ivan Denissovitch à L’Archipel du Goulag, cette expérience nourrira son oeuvre et l’imposera dans le monde entier. "Avec toute l’intelligence possible, dit-il, jamais je n’aurais pu mieux inventer ma vie qu’elle ne l’a fait elle-même. Je n’avais qu’à m’en emparer pour l’écrire."

(Myriam Bloedé)