En 2004, Athènes accueille les Jeux olympiques. Comment relier et mettre en valeur les sites archéologiques anciens ? Comment réhabiliter les quartiers environnants ? Trois ans avant le jour J, Sylvain Roumette propose une promenade érudite à travers le vieux quartier marchand de Monastiraki en compagnie de Yannis Tsiomis. L'architecte pédagogue s'interroge sur la manière de restaurer en continuité avec l'histoire de la ville.

À l'origine du développement moderne d'Athènes, le souci de mettre en valeur son socle symbolique, l'Acropole. Après 1830, les architectes du nouvel État grec adoptent un plan triangulaire pour structurer la ville nouvelle en bordure des vestiges anciens. Entre ce triangle et la ville antique (l'agora), la rue Ermou, ancienne voie commerciale doublée alors d'une voie ferroviaire, forme une limite. Faut-il aujourd'hui couper cet axe vivant pour créer un belvédère ouvrant sur le site réaménagé de l'agora ? Yannis Tsiomis s'oppose au projet de mise en spectacle de la ville antique : une balafre dans la partie du XIX^e siècle provoquerait une vision hiérarchisée de l'Histoire, où l'antique serait privilégié sur le moderne. À deux pas, à Monastiraki, comment intervenir au-delà d'une simple stratégie d'embellissement sans "épurer" le quartier de ses usages anciens ? Là encore, la réponse est mesurée : il faut intégrer de l'habitat, malgré la pression du tourisme.

(Annick Spay)