On connaît Pierre Bergounioux, écrivain, essayiste, penseur – auteur de près de 70 livres, même s’ils sont "petits pour beaucoup", et d’un journal, Carnet de notes, qui compte trois volumes et quelque 3600 pages à ce jour. On le sait enseignant, sculpteur aussi. On sait moins la passion qui l’anime depuis l’enfance : cette passion pour l’entomologie à laquelle, précisément, est consacrée La Capture.

En cinq chapitres placés chacun sous la figure forcément tutélaire d’une variété commune de Haute-Corrèze – à la fois territoire d’enfance et territoire d’élection de Pierre Bergounioux, chasseur d’insectes – La Capture s’approche au plus près de son sujet, se calque sur les pas, les gestes, les attitudes du collectionneur pour accompagner celui-ci dans sa quête : une démarche qui exige science et savoir-faire, rigueur et concentration, silence, patience et attention, lenteur et vélocité. Et ce qui, progressivement, magnifiquement, se révèle, c’est un portrait en creux de l’écrivain, tant sont étroits les liens qui unissent sa pratique de l’écriture et son travail d’entomologiste ainsi que les pensées, les réflexions que lui inspirent ces deux activités. Dans les deux cas, il s’agit de "faire tenir dans une vie la durée, la teneur de plusieurs" en sachant qu’il "se peut que nous n’y arrivions jamais, que le sens de l’histoire dans laquelle on s’est trouvé impliqué nous soit dérobé".  

(Myriam Bloedé)