Hugues Peyret part à la recherche des 90 boîtes de Merda d'artista concoctées en mai 1961 par Piero Manzoni et disséminées à travers le monde. Grâce aux interviews de leurs possesseurs (collectionneurs singuliers - avocat, industriel, architecte, journaliste, artistes, négociants - et publics - conservateur de musée ou directeur de galerie), le réalisateur nous convie à une enquête cocasse sur leur fabrication, leur contenu et leur vente.

Piero Manzoni est mort en 1963 à l'âge de 29 ans. Son œuvre, qui comprend des toiles, des sculptures mais aussi des actions telles que signer de son nom des personnes vivantes, est surtout célèbre pour la Merda d'artista. Sous forme de conserves classiques, dont l'étiquette promet "30 g net de merde d'artiste conservée au naturel", les boîtes, numérotées de 1 à 90, ont été mises en vente en 1961 au prix de 30 g d'or chacune, soit 1500 F. à l'époque. Pourtant en 1991, au moment du grand boom de l'art contemporain, une boîte valait 380 000 F. (env. 85 000 €) et, en 2000, l'équivalent de 3 kg d'or. Quels sont les facteurs qui ont déterminé une telle surenchère ? À partir du label "œuvre d'art", décrié par certains et sécurisé par d'autres, malgré leur contenu (dont certains collectionneurs doutent et qui parfois s'échappe des boîtes sous forme de liquidités mal venues), les boîtes font leur chemin : destinées à récuser le marché de l'art, elles finissent par décoder la bêtise et le cynisme de son fonctionnement.

(Christine Rheys)