Catalogue
Vidéos
Images
Résumé
Dans Chambres d'amies, Raluca Bunescu brosse le portrait de jeunes femmes installées en milieu urbain. Tout en respectant leur anonymat, le film donne à voir et à entendre les gestes et les voix de quatre trentenaires. Au gré des intérieurs et des préoccupations de chacune se dessinent avec pudeur et sensibilité des parcours singuliers, parfois fragiles ou précaires, mais toujours assumés.
Les quatre séquences de Chambres d'amies suivent toutes le même protocole : elles débutent par une vue de rue avant de s'inviter dans l'appartement, un bandeau signalant, lui, la première lettre du prénom, l'âge et le quartier de résidence (Montorgueil et Ménilmontant à Paris ; Fort d'Aubervilliers ; Mairie des Lilas). À travers des plans fixes dont sont absents les visages, des arrêts sur des détails (poster, clavier d'ordinateur) ou des gestes (travaux de rénovation, surf sur internet, nettoyage assidu, aménagement), Chambres d'amies excède la chambre pour s'intéresser à des intimités. Les appartements comme les parcours – livrés en voix off par les concernées – diffèrent, seule revenant de manière lancinante, la question de la solitude. Face à la mise au jour pudique de ces situations subies ou revendiquées, difficile de ne pas songer à Une Chambre à soi de Virginia Woolf. Si le contexte a certes grandement évolué depuis sa publication en 1929, les questions de la nécessité d'un espace propre, de l'indépendance financière et de la négociation avec les injonctions de la société demeurent pour ces jeunes femmes vivaces.
(Caroline Châtelet)
Descriptif technique
- Production
- Escalenta
- Réalisation
- Raluca Bunescu
- Année
- 2018
- Durée
- 36'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Quatre jeunes femmes filmées chez elles dévoilent leur intérieur. L’appartement où chacune vit devient l’illustration de l’intime qu’elles font émerger peu à peu. La caméra nous invite à entrer dans ce lieu habituellement fermé. Derrière la porte, s’ouvre l’appartement tel qu’il est, en désordre ou en travaux, à l’image de ce que ces jeunes femmes racontent d’elles-mêmes. La caméra tronque délibérément les corps, laisse les visages hors-champ, semble utiliser ici l’anonymat comme outil pour donner aux spectateurs la liberté, peut-être, d’y apposer l’histoire et le visage d’une autre. L’amour, la rencontre, le rapport à l’autre, tout ici peut se dire puisque nous sommes entre nous, dans une chambre, décor de l’intime par essence. Et quand la caméra cessera de tourner, chacune rejoindra sa sphère sociale, là où l’espace pour dire et entendre des confidences se font rares.
(Aurélie Solle, BPI - Bibliothèque Publique d'Information, Paris)