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Demande à ton ombre

2012, documentaire, 79 min, couleur

Réalisation : Lamine Ammar-Khodja

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Début 2011, alors que le mouvement démocratique triomphe en Tunisie, il tourne court en Algérie.

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Résumé

Début 2011, alors que le mouvement démocratique triomphe en Tunisie, il tourne court en Algérie. Les émeutes de la jeunesse populaire n’embrayent pas sur le changement espéré. Lamine Ammar-Khodja tient la chronique intime de cet enlisement, une chronique où le cafard - au propre comme au figuré - rôde partout. Reprenant les mots de Camus, l’un des inspirateurs de son film, il évoque "le cri d’un homme jeune et désorienté cherchant une issue".

Journal politique, poétique et déjanté, le film s’efforce de traduire au plus près la douleur d’un jeune cinéaste qui "a mal à l’Algérie". Alors que la télévision officielle dénonce la violence absurde des jeunes émeutiers, il décide de se mettre "à l’écoute de ceux qu’on n’écoute pas". Quittant le centre d’Alger et ses copains bobos, il revient dans la banlieue déshéritée où il a grandi. Désœuvrés et paumés, les garçons n’y rêvent hélas que d’émigration, de grosses voitures et de films X. Au lendemain de la chute de Ben Ali, débutent des manifestations de rue réclamant la fin des "dinosaures", mais la synthèse entre la gauche et la jeunesse échoue. Renvoyé à sa position de spectateur, de chouette mélancolique, le cinéaste se remet à la poursuite d’un bonheur plus intime qui passe par les ruines romaines de Tipasa, l’écriture, la musique, la danse et les copains. Dans la rue, un drapeau algérien agité par des supporters de football signe le triste retour "à la normale".

(Eva Ségal)

Descriptif technique

Production
The Kingdom
Réalisation
Lamine Ammar-Khodja
Année
2012
Durée
79'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

Avec ironie et humour, distance nécessaire pour éloigner un désespoir sous-jacent, le cinéaste mêle son cheminement personnel à l’histoire récente de l’Algérie. Comme pris au piège d’un jeu d’ombres et de lumières, à mesure que se dissipent ses illusions sur un possible changement dans le pays, il pointe les manœuvres gouvernementales, les manipulations policières, les discours indigestes, les images médiatiques spectaculaires et vides qui restent inchangées. Par un montage inventif, il juxtapose son histoire intime aux discours officiels, tente de décrire son rapport au réel et la place qu’il cherche à occuper désormais dans son pays natal. Par cet exercice de style et une belle liberté de ton, Lamine Ammar-Khodja, réussit à joindre le questionnement existentiel au questionnement politique, le questionnement d’une jeunesse qui n’a pas la parole, sur laquelle une immuable chape de plomb semble peser.

 

(Jean-Marc Lhommeau, Bibliothèque municipale du Plessis-Trévise)