La Voix humaine, drame lyrique en un acte de Francis Poulenc, fut créée en 1959 à l’Opéra Comique, à Paris. S’inspirant du texte de Cocteau pour le livret, Poulenc composa cette partition intense et dramatique pour son amie Denise Duval. Plus de quarante ans après, la chanteuse accepte, devant la caméra de Dominique Delouche, de donner des conseils d’interprétation à Sophie Fournier, jeune soprano.

Pour Francis Poulenc, la transcription musicale du monologue téléphonique de cette femme quittée par son amant devait baigner dans une grande sensualité orchestrale. Au moment de la création, la charge émotionnelle et la personnalité de Denise Duval ont porté l’ouvrage jusqu’à le rendre universel. A 78 ans, la cantatrice n’a rien perdu de son tempérament. Elle ne connaissait pas Sophie Fournier, mais, rapidement, au-delà d’une simple leçon d’interprétation, nous assistons à une véritable passation de la mémoire. Denise Duval n’est pas avare de conseils, d’injonctions passionnées, qui vont aider son élève à aller chercher au plus profond d’elle-même pour rendre sensible toute l’humanité de l’ouvrage. A plusieurs reprises, Dominique Delouche insert de courts extraits d’un autre de ses films. En 1970, il avait déjà su capter la générosité de Denise Duval interprétant l’oeuvre de Poulenc. Aujourd’hui, l’émotion est toujours intacte.

(Mario Fanfani)