Tourné en Côte d'Ivoire en 1998-1999, ce film d'Hugo Zemp nous fait assister aux rites funéraires des Sénoufo, peuple villageois chez qui la musique des orchestres de balafons, (xylophones à résonateurs d'Afrique occidentale francophone), remplit un rôle social et cérémonial indispensable. Enquête d'un savant musicologue et hommage d'un hardi cinéaste à la beauté et à la fragilité d'une culture traditionnelle rurale africaine.

Chaque lame du balafon a un nom et une fonction. L'art de faire chanter les lames, le répertoire des thèmes et variations qui distingue le soliste virtuose, le rôle des percussions, la composition complexe d'un orchestre, s'enseignent de père en fils. Tandis que le maître balafoniste Nahoua Silue dévoile ses secrets, des rituels de funérailles se déroulent dans cinq villages Sénoufo. Ici les balafons paradent, les femmes dansent, là elles préparent le repas de deuil : "La musique et la danse atténuent la peine." Rites funéraires et sociabilité festive s'enracinent dans une culture traditionnelle savamment préservée. De l'enveloppement du corps dans des tissus jusqu'à l'ensevelissement et la décoration de la tombe avec des tessons, en passant par les masques, les chants de lamentation ou de divertissement et les danses acrobatiques, les cérémonies déroulent un rituel spectaculaire et somptueux.

(Anaïs Prosaïc)