En 2000, à Santo Domingo, bidonville perché sur les hauteurs de Medellin et peuplé de paysans déracinés, Juan Carlos, un jeune poète prodige, a été tué par balles. Depuis ses parents se battent pour qu’il soit reconnu comme une victime de l’interminable conflit armé qui ensanglante la Colombie. Sur les pas de Manuel qui préside le comité d’action sociale du quartier, le film montre ce qui a changé en une décennie et ce qui, tragiquement, perdure.

Juan Carlos, alors lycéen, était l’un des héros des Cahiers de Medellin, que Catalina Villar avait tourné en 1997. De nombreux plans tirés de ce premier film donnent à voir la grâce et la sensibilité de ce poète en herbe. Manuel épaule les parents de son ancien condisciple dans leur quête de justice. Activiste et chrétien fervent entièrement dévoué au développement humain de son quartier, il se confronte au maire qui ne songe qu’à multiplier des opérations immobilières souvent absurdes. Entre les pauvres d’en haut qui ont bâti illégalement sur des terrains menacés d’éboulement et la prospère cité d’en bas, des télécabines font la navette. La caméra prend ainsi de la hauteur pour mesurer la distance qui sépare les uns des autres, notamment les parents inconsolables de Juan Carlos et les bureaucrates du ministère de la Justice. Santo Domingo, enfin sécurisé, a maintenant un petit quartier touristique, mais plus haut encore de nouveaux réfugiés des campagnes revivent le même cauchemar.  

(Eva Ségal)