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Orient, mirage de l'Occident (L')

1990, documentaire, 165 min, couleur

Réalisation : Pierre Zucca

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"Orient : des rives du Bosphore à celles du Maghreb, l'Occident ne fait pas la différence." Ce constat ouvre ce film en trois parties où Pierre Zucca tente de faire le tri entre la connaissance qu'a de l'Orient un cercle restreint d'érudits et les fantasmes du plus grand nombre. Murmurés, chuchotés, ces poncifs reviennent en leitmotiv : "Splendeur, despotisme, sagesse, érotisme, orgueil de l'Orient." Objet de fascination permanente, lieu de périple symbolique plus que touristique, l'Orient suscite une double vérité : celle de la connaissance et celle du désir. Voyageurs ou conquérants, artistes ou savants s'en sont fait l'écho à travers l'aventure du mouvement orientaliste. De Godefroy de Bouillon à Bonaparte, en passant par Goethe, Byron, Flaubert, Chateaubriand, Nerval, Kandinsky, Matisse, Klee, Mozart ou Verdi, il n'a cessé d'être rêvé, représenté, fixé, y compris par ceux qui n'ont jamais fait le voyage. Oeuvres picturales, images de sites ou de monuments, commentaire entrecoupé d'interviews de spécialistes ou d'extraits de textes littéraires, donnent un caractère didactique à ce film qui offre diverses pistes d'investigation.

Images

Résumé

1. Les Voyageurs de l'illusion. Chargé d'histoire et de symboles, berceau de l'islam, du judaïsme et du christianisme, l'Orient nourrit l'imaginaire de l'Occident. En inventant le concept de voyage en Orient, les Romantiques confèrent une nouvelle signification au voyage et en modifient la nature et l'idéologie. Ce premier volet introduit à l'histoire des représentations produites par la culture occidentale sur l'Orient. Lorsque Galland publie sa traduction des Mille et une nuits qui connaîtra un immense succès en Europe, il inaugure un grand siècle orientaliste. Mais de quel Orient s'agit-il ? De l'empire ottoman nommé à l'Ouest Barbarie, qui inspire crainte et admiration, ou du monde arabe, l'ennemi et l'intime, le médiateur entre les Grecs et l'Occident ? D'un lieu d'éternité dont les traces du passé serviraient à imager le Livre, ou du rayonnement d'une culture à s'approprier, y compris à la manière de Bonaparte (Adieu Bonaparte de Youssef Chahine) qui, pour mieux s'en emparer - fait unique dans l'histoire de l'armée - s'entoure, lors de sa campagne d'Egypte, de savants, linguistes et écrivains ? Il créera au Caire un institut d'histoire, d'arts et des sciences uniquement destiné à l'Europe.

2. La Traversée du réel. A la fin du XIXe, hommes d'affaires, commerçants ou industriels d'Occident succèdent aux voyageurs. Une conception de l'Orient en apparence plus réaliste voit le jour marquée par une esthétique à laquelle contribue la photographie. De fait, le réel prend le pas sur le rêve : prise de la Kabylie par l'armée française, débarquement des troupes anglo-françaises en Syrie, ouverture du Canal de Suez. Cette traversée du réel n'évacue pas cependant la volonté qui anime la nouvelle quête du nouveau voyageur en Orient, celle de la découverte et du mystère à percer. Mystère que l'on perçoit dans l'architecture (où l'on se protège du soleil mais aussi du monde) ou dans l'aspect vestimentaire (voile, burnous, djellabah). Avec les événements politiques qui se succèdent, l'Orient devient une entité géographique palpable, une réalité économique, sociale et culturelle à laquelle on se confronte : le roi d'Egypte commande à Verdi un opéra (Aïda) pour l'inauguration de l'opéra du Caire en 1871.

3. Le Miroir brisé. Fin de la première guerre mondiale. Chute de l'empire ottoman. Début de l'émigration des Juifs vers la Palestine, porteurs de valeurs occidentales. L'Orient rêvé devient, pour l'Occident, un territoire de jeux et de distractions et surtout d'enjeux politiques. Ce dernier volet met l'accent sur les artistes français qui vont renouveler leur inspiration dans un Maghreb à portée de main. La lumière, l'architecture, les paysages de Tunisie, d'Algérie et du Maroc marquent de leur empreinte les démarches artistiques et les oeuvres de peintres tels que Matisse (Les Marocains, 1916), Kandinsky (Ville arabe, 1905), Klee (après un séjour en Tunisie, il note : "La lumière et moi ne faisons plus qu'un") ou encore Etienne Dinet dont parle avec passion, Mehri, homme d'affaires et collectionneur des oeuvres de ce peintre devenu algérien et converti à l'islam. En contrepoint à cette évocation picturale, le commentaire se fait l'écho d'une actualité briseuse de rêves où les pays occidentaux tentent de déterminer leurs zones d'influence respectives au Proche et Moyen-Orient.

(Sadia Saïghi)

 

Descriptif technique

Production
La Sept/Arte, Imago Star, IMA, INA, 2M International
Participation
ministère de la Culture (DAI, DMF), musée d'Orsay, RMN, ministère des Affaires étrangères, ministère de la Recherche et de la Technologie, Agence Jules Verne, FAS
Réalisation
Pierre Zucca
Année
1990
Durée
165' (3x55')
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne