Catalogue
Vidéos
Images
Résumé
Andrew, cinquantenaire calme et débonnaire, sort du travail à 17 heures pile : entre le tribunal où il est médiateur et sa maison où l’attend Cheri, sa compagne, il doit traverser chaque jour l’autoroute qui borde Melbourne. Il covoiture parfois avec David, un collègue de 20 ans son cadet, qui s’apprête à passer le barreau… et qui signe aussi ce documentaire touchant.
The Plains fait le pari d’un concept osé : la caméra, fixée sur la banquette arrière de la voiture, ne quitte presque jamais l’habitacle. Les séquences qui s’enchaînent pourraient se ressembler : mêmes feux rouges, mêmes bretelles périphériques… mais jamais les mêmes conversations. Au fil des trajets, on se surprend à se trouver happé.e.s par la sympathie du bonhomme. Soudain, on s’échappe de l’habitacle pour survoler les immenses plaines australiennes : ce changement d’échelle ne nous éloigne pas pour autant d’Andrew, petite silhouette au loin qui pilote son drone. Par ce dispositif de fugaces parenthèses aériennes, The Plains désamorce la monotonie des embouteillages, ponctués d’entrées pudiques dans l’intimité d’Andrew. En fils attentionné, il se soucie de la santé de sa mère, plus très loin du centenaire. En bon amant, il appelle sa compagne, en bon collègue, il s’enquiert des projets de David. Accompagné par sa douceur tranquille, on croit finalement le connaître comme un proche : son choix philosophique de n’être ni marié ni père, ses souvenirs d’enfance et l’approche d’un deuil maternel qu’il sait inéluctable. Son visage, pourtant, n'apparaît qu’en de brefs instants, quand son drone descend vers les plaines, pour le trouver paisiblement assis aux côtés de Cheri.
(Noé Vidal-Giraud)
Descriptif technique
- Production
- David Easteal
- Participation
- Festival EntreVues de Belfort
- Réalisation
- David Easteal
- Année
- 2022
- Durée
- 180'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Il y a des films qui nous embarquent sans crier gare. Les trois heures de The Plains peuvent rebuter de prime abord le spectateur paresseux mais rassurez-le ! Une fois installé à bord, le temps file et ne se fait pas ressentir. En suivant le trajet quotidien en voiture d’un avocat à la sortie de son travail, David Easteal, son jeune collègue et covoitureur, le metteur en scène du film, propose une réflexion sur le temps, la vie et la mort.
The Plains est une plongée métaphysique dans la vie d’Andrew, lequel revient sur son mariage, sa carrière et la disparition des siens. Ce trajet quotidien, d’une forte valeur symbolique, est fait d’habitudes et de légères variations. On s’amuse à trouver les coupes entre les 12 plans séquences du montage et à chercher les différences (météo, directions) entre chaque passage. Le spectateur ne prend pas la place du mort mais celle de l’enfant, à l’arrière. Enfant qu'Andrew et Cheri n’ont jamais eu. Il ressort du film une certaine tristesse, et un certain vertige, de voir le couple à l’aube de son existence, sans parents et sans descendance, filmé au drone dans l’immensité du bush australien. Le personnage principal du film est peut-être d’ailleurs l’horloge. Placée au milieu de l’habitacle, celle-ci semble annoncer que le temps s’égrène inexorablement comme dans le poème de Charles Baudelaire :
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! [..] »