Écrit à la première personne, comme le journal d'une femme en quête d’aventures artistiques, le film de Cécile Déroudille s’appuie sur sa rencontre avec Raymond Hains et se déroule à la Fondation Serralven au Portugal, où l’artiste doit réaliser un accrochage. Accueillie par Juan Fernandez, le conservateur, et Catherine Bompuis, commissaire de l’exposition, la réalisatrice se livre, en attendant Hains, à des évocations de son œuvre.

Le travail de Raymond Hains (1926-2005) se base sur une rhétorique dans laquelle les jeux de mots permettent de rebondir. Ainsi, au Néo-dada emballé (1963), construit selon son idée et emballé par Christo en réponse à un article de Restany, correspond Le Cheval en balai (1999), réalisé par Stéphane Donatien, dont une vidéo figurera dans l’exposition. En 1948, il expose des photographies hypnagogiques obtenues grâce à un objectif en verre cannelé et, sur le même principe, conçoit avec Villéglé une machine filmique abstraite dont le produit jamais fini s’intitule Pénélope. En travaillant sur des photogrammes agrandis ou des poèmes phonétiques éclatés en ultralettres, il en vient aux affiches. "De chasseur d’images, je suis devenu ravisseur d’affiches, une sorte de rapt archéologique", écrit-il. Le "Christophe Colomb des ultralettres" ou le "Sigisbée de la critique" souhaite être un "désordinateur naturel", comme le lui confère sa place à part parmi les Nouveaux Réalistes.

(Christine Rheys)