Paul Vecchiali tourne en quatre jours un court métrage adapté de la nouvelle de Maupassant, La Martine. Pascal Catheland filme en noir et blanc quelques moments du tournage de Trois Mots en passant (2016), l’enregistrement de la voix off par Vecchiali lui-même, une scène de visionnage de rushes avec la monteuse. Ces instants volés, filmés dans la durée et sans commentaire, offrent une vue en coupe du travail de création.

Les cadrages précis cherchent à saisir le regard perçant de Paul Vecchiali sur ses acteurs. La caméra s’attarde moins sur la scène filmée, qu’on ne voit jamais dans sa totalité, que sur l’exigence du cinéaste, toujours à la recherche du tempo juste. Vecchiali reprend une jeune actrice mot après mot, l’obligeant à prendre son temps, et fait naître l’émotion sous nos yeux. De même, il réenregistre inlassablement sa propre voix off, à l’écoute des conseils de ses collaborateurs. Avec un mélange de douceur et de fermeté – notamment quand l’équipe, trop bruyante, l’empêche de diriger ses acteurs ou qu’un technicien parle avant la fin d’un plan – Vecchiali mène son tournage à l’oreille. Il porte ainsi une grande attention aux sons, à la captation de l’ambiance d’un marché ou au claquement de talons sur les pavés. Cette vision sensible, esthète, du cinéaste au travail nous révèle à quel point l’art de Paul Vecchiali repose sur la musicalité.  

(Martin Drouot)