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Storgetnya

2020, documentaire, 21 min, couleur

Réalisation : Hovig Hagopian

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Une clinique au fond d'une mine.

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Résumé

À Erevan en Arménie, à 230 mètres sous terre dans les mines de sel d'Avan, des personnes de tous âges se font ausculter par une médecin, font des exercices physiques, jouent au ping-pong ou à la guitare, dorment... Ce fond de mine a été transformé en mini clinique d'halothérapie pour soigner l’asthme et les infections pulmonaires. 

En une série de plans fixes au cadre attentivement travaillé, et très peu de dialogues, Hovig Hagopian nous embarque dans le dédale des anciennes galeries éclairées au néon. Ici une femme de ménage essuie les gravats tombés sur la table de ping-pong, là un groupe discute du printemps qui arrive comme si la nature les entourait. Des rideaux isolent des chambres de fortune : certains dorment dans des lits en fer, le casque de sécurité n'étant jamais loin. Sélectionné dans une quarantaine de festivals internationaux, Storgetnya donne à voir sans doute une relique de l’Arménie soviétique, où rien n’a bougé depuis des décennies ; un monde hors du temps, que viennent rythmer les exercices de respiration, les examens de bronches, les pannes de courant et des accords de guitare. Tandis que les patients retrouvent le souffle, ailleurs, dans d'autres boyaux, on continue de creuser dans le fracas des machines.

(Noé Vidal-Giraud)

Descriptif technique

Production
La Fémis
Réalisation
Hovig Hagopian
Année
2020
Durée
21'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

Storgetnya est le film de toutes les profondeurs. Celle d’une mine de sel reconvertie en clinique souterraine. Mais l’observation des allers et venues des patients et soignants, affranchie de tout commentaire, ouvre d’autres profondeurs. Celle d’une Arménie hors champ et hors temps, vieux pays à la santé chancelante qui nous vient par bribes, comme un murmure lancinant. Celle d’un souffle de vie, simple et essentiel, venu du plus loin – on vient bien là pour mieux respirer. De fait le film tout entier repose sur une ample respiration, que matérialise le jeu entre l’obscurité des tunnels et la fluorescence des néons (Hovig Hagopian, qui réalise là son premier film, est aussi chef opérateur, et son travail sur l’image est juste hors du commun). Et nous renvoie alors, par son souffle, à une autre profondeur d’âme où sont descendus les Homère, Virgile, Dante et tant d’autres, Grecs ou Persans, Arméniens ou Africains, partout, depuis que l’homme est homme. Oui, elle est profonde, la mine de sel d’Avan, dans ce Storgetnya qu’on n’oubliera pas.

Jean-Baptiste Mercey, Médiathèque départementale de l'Aveyron.