Quand la poésie, la danse, la musique et le silence s'emparent de la piste, cela s'appelle Que Cir Que. Les trois acrobates-danseurs-inventeurs (Jean-Paul Lefèvre, Hyacinthe et Emmanuel Reisch) sont suivis par un réalisateur complice, qui s'autorise par glissements successifs des passages de l'art à la vie et de la vie à cet art à la fois épuré et techniquement encombrant qu'est le cirque.

Un article du Monde (Jésus, un légionnaire et Salomé en piste) les avait égratignés trop vite. Ici, la caméra, discrète, attentive, sait prendre le temps des silences et des sources d'inspiration. Le spectacle prend des rondeurs et puise dans les générosités de la vie (le camion arrêté sous la pluie battante...) : une force qui légitime, sur scène, cette danse des corps qui s'inventent des figures inattendues, tantôt violentes, drôles ou tendres. Alors, le centaure qui bat des ailes sur son vélo ou la roue qui tourne seule autour d'un mât, prennent une dimension métaphysique. Evoluant parfois sur un trapèze au ras du sol, portés par la musique de Jimmy Hendrix ou Miles Davis, les anges déchus ont bien une dimension céleste.

(Marie-Christine Balcon)