En Algérie, s’affirme aujourd’hui une nouvelle génération d’écrivains d’expression française, arabe ou berbère. Dominique Rabourdin et Mohamed Kacimi (pour les entretiens) rencontrent treize d'entre eux, débutants ou confirmés, marginaux ou officiels. Leurs registres sont divers (poésie, roman, théâtre, cinéma, journalisme), mais tous pratiquent l’écriture comme une manière de survivre, résister et conquérir quelques espaces de liberté.

Avec Boualem Sansal, Yasmine Salah, Mohamed Sari, Sofiane Hadjadj, El-Mahdi Acherchour, Mustapha Benfodil, Habib Ayyoub, Bachir Mefti, Rachida Khouazem, Arezki Mellal, Amin Zaoui, H’Mida Ayachi et Maïssa Bey, le film présente un large panorama de la littérature algérienne. Le relâchement de la censure d’État et la fin des assassinats ciblés autorisent aujourd’hui l’expression d’un certain pluralisme culturel. Des maisons d’éditions voient le jour, un salon du livre se tient à Alger. Même si les tirages sont faibles, les librairies rares et les lecteurs quasi inexistants, les écrivains peuvent à nouveau prendre le risque de s’affirmer. La terreur islamique, la crise économique, la corruption, la guerre civile, la sujétion des femmes, les tragédies collectives ou privées inspirent une littérature de témoignage et de rébellion. Avec parfois une bonne dose d’humour déjanté. Contre le désastre d’une société accablée de tant de calamités, tous affirment leur foi inébranlable dans l’écriture.

(Eva Segal)