En Martinique, dans les bananeraies, les conditions de travail déplorables (pénibilité, produits toxiques, salaires bas par rapport à la métropole) amènent à des mouvements de révolte à partir de 1972. Sous l’impulsion de syndicalistes et de militants marxistes, la grève se propage. Ouvriers agricoles, militants, gérants d’exploitations et forces de l’ordre reviennent sur cette série d’événements tragiques qui ont changé le monde ouvrier.

"La différence entre le SMIC en métropole et le SMIC en Martinique était de 5 à 6% en 1971. En 1974, c’était passé à 28%" s’indigne Edouard de Lépine du Groupe Révolution Socialiste (GRS). Le Groupe Septembre 70 (GS70) et le Groupe d'Action Prolétarien (GAP) dénoncent la violence de conditions de travail qui datent du XIXe siècle. Le 17 janvier 1974, les ouvriers agricoles lancent une grève sans préavis, allant de plantations en plantations pour rallier le plus de monde possible. Le 14 février, alors que le mouvement prend de l’ampleur, les grévistes sont encerclés par la gendarmerie à Chalvet, stoppés net dans leur progression. A bord d'un hélicoptère et au sol, les gendarmes font feu. "Dans une grève, il faut que quelqu’un meure pour remporter la victoire." Des morts qui hantent encore la mémoire des anciens grévistes, mais qui ont permis au sentiment de révolte de s’amplifier et aux ouvriers d’obtenir gain de cause : la revalorisation de leurs droits auprès de l’État français.

(Romain Hecquet)