En rupture familiale, Roman et Sifredi passent leur fin d'adolescence de garages délabrés en restaurants désaffectés. Les deux jeunes frères tentent tant bien que mal de saisir le monde qui les entoure, enchaînant les discussions métaphysiques dans un flot de mots percutants. Avec un groupe d’amis, ils squattent désormais une école vouée à la démolition. Amateurs de rimes croisées et de fruits frais, le rythme et la poésie sont leurs exutoires. En errance, ils gardent un sentiment effréné de liberté.

Vincent Pouplard filme avec empathie les visages à peine sortis de l'enfance, l'attention portée aux coupes de cheveux, les lumières de fin de journée sur ces corps en devenir. "Le jour où on vivra nos rêves, il n'est pas encore arrivé." La bande se construit, entre ennuis avec la justice et preuves sincères d’amitié. Un temps, ils s’emparent de la caméra pour se lancer dans une séance d’interview improvisée, singeant le langage médiatique. Vincent : "J’ai quelques problèmes vis-à-vis de ma situation." Sifredi : "Je dirais que monsieur Vincent est quelqu’un d’impétueux." Le temps passe, de discussions autour des dessins animés de leur enfance en jeux d'improvisations musicales. Aux beaux jours, le groupe migre vers la forêt. "Il faut vivre comme les animaux. Eux ils ne font que ce qu’ils ont besoin." Après quelques sauts dans la rivière, le groupe construit sa propre cabane. "Le but c’est d’avoir un endroit à nous. Où on sait qu’on sera bien et que personne ne viendra nous faire chier. On ne sera jamais habitant d’une maison, avec sa femme, ses enfants, son travail. On ne sera jamais un homme du système."

(Romain Hecquet)

à lire : critique de Pas comme des loups, parue dans Regards