Ultime roman, posthume, de Violette Leduc (1907-1972), La Chasse à l’amour est le dernier volet de la trilogie autobiographique initiée avec La Bâtarde – livre qui, en 1964, la révéla enfin au public. En intitulant ainsi le portrait qu’elle lui consacre, Esther Hoffenberg désigne d’emblée la passion amoureuse comme l’objet central de la quête que celle-ci mena en tant que femme et en tant qu’écrivain.

Bâtardise, homosexualité, avortement, folie, affres de la passion... Chez Violette Leduc, la vie fut le matériau même de l’écriture. Un matériau socialement hors-normes, scandaleux pour son temps, qu’elle s’employa à restituer sans la moindre hypocrisie, "avec audace, mais avec tact", dans une langue totalement inédite, directe et lyrique, riche en métaphores. C’est sur l’impulsion de Maurice Sachs qu’elle se mit à écrire et, avec son premier manuscrit, L’Asphyxie (1946), elle trouva auprès de Simone de Beauvoir un soutien et une amitié qui ne se démentiront jamais. Mais pendant près de 20 ans, Violette Leduc resta un auteur confidentiel, en butte à la censure. Sur des images des lieux où elle vécut, sur des photos d’elle et de ses proches (Beauvoir, Jean Genet, Jacques Guérin...), de larges extraits de ses écrits lus en voix off sont le vecteur de sa biographie, tandis que des hommes qui la connurent et des femmes spécialistes de son œuvre commentent la singularité de son parcours.

(Myriam Bloedé)