Laurence Attali part à la recherche du baobab de son rêve dans le pays dont il est l'emblème : le Sénégal. La route qu'elle emprunte pour ce journal onirique, de la réserve de Bandia aux roulottes de Dakar en passant par le club du Baobab, est parsemée de rencontres réelles ou mises en scènes, baroques ou anodines, et des voix mêlées de la bande sonore qui égrènent des "sentences de baobab" sur fond d'élections présidentielles en mars 2000.

Baobab, héros doté d'une voix singulière, prête ses formes aux jeux de la réalisatrice : chacune de ses silhouettes est différente, mais aucune ne ressemble à celle de son rêve. Parmi les rires et murmures d'enfants, djinns inventés ou issus de la tradition apparaissant et disparaissant dans les creux de l'arbre, émergent des proverbes wolofs et des fragments de textes (Nicolas Bouvier, Paul Nizan, Saint-Exupéry, René Ferriot, Amadou Hampaté Bâ) qui s'amalgament aux interviews pour constituer un patchwork de légendes. Si "on ne peut frapper ni insulter qui cherche à vivre sous les branches d'un baobab", si son écorce est "grise et brune comme un éléphant qui aurait pris racine", chacun sait que "certains changent de place ou font semblant d'être des arbres". À travers l'arbre, Laurence Attali cherche à comprendre le pays où s'est engagé un rêve de sopi, le changement, représenté par le nouveau président, auquel se mêle le message final du baobab : "L'homme est un remède pour l'homme."

(Christine Rheys)