Fondateur d’une librairie à Alger, Edmond Charlot joue, dès les années 1930, un rôle central dans le réveil littéraire de la colonie. Organisé autour d’un entretien, ce portrait s’appuie sur les témoignages d’écrivains des deux rives de la Méditerranée et sur des documents d’archives. Des citations de Camus, Roblès, Audisio, Amrouche, Tandjaoui et Metref complètent cette évocation d’une vie consacrée à la littérature, l’amitié et la résistance.

Né en 1915, Edmond Charlot se lie avec Camus dès ses années de lycée. Il a vingt ans lorsque, encouragé par son ancien professeur de philosophie, Jean Grenier, il ouvre la librairie des Vraies Richesses et commence à éditer la jeune littérature anti-fasciste. Premier éditeur de Camus, il encourage de nombreux talents parmi les Européens progressistes et reçoit le soutien prestigieux de Gide. Lorsque Alger devient le QG de la France Libre, Charlot est l’éditeur officiel de la Résistance. Mais malgré quelques grands succès à la Libération (Kessel, Roblès, Jules Roy), il ne parvient pas à s’imposer à Paris. De retour en Algérie, il s’engage dans le combat anti-colonial et publie les premiers auteurs indigènes (Mouloud Feraoun, notamment). Après l’Indépendance, il regagne la France d’où il continuera à soutenir la nouvelle littérature algérienne. La caméra revisite la ville d’Alger et les paysages éblouissants, tragiques et sensuels qui ont marqué à jamais Charlot et ses amis.

(Eva Ségal)