Périple en terres d'islam (pays, histoire, musique, poésie, pensée), Islam pour mémoire donne à voir la richesse comme les paradoxes des cultures de cette religion. Ce voyage, Bénédicte Pagnot le réalise avec l'écrivain et poète franco-tunisien Abdelwahab Meddeb, directeur de la revue internationale Dédale et producteur sur France Culture, décédé en 2014. Les entretiens tout au long du film impulsent autant qu'ils alimentent les réflexions à l’œuvre.

Le film débute par des images de Rennes, tandis qu'une voix off s'interroge : quelle est la différence entre le niqab et la burqa ? Pourquoi Israël colonise-t-il la Cisjordanie et construit en même temps un mur pour s'en séparer ? Etc. En avouant d'emblée la connaissance toute relative qu'elle a de l'islam, Bénédicte Pagnot laisse la place à une adresse à Abdelwahab Meddeb. Par le biais de l'émission Cultures d'islam et la pensée développée par l'écrivain, la réalisatrice se plonge dans cette culture et se rend de Tunisie en Iran, d'Israël aux Émirats arabes unis. Ce périple d'une athée narré à la première personne, soutenu par les compositions des musiciens Khaled Aljaramani et Serge Teyssot-Gay, est ponctué de textes de Meddeb (et d'autres écrivains et poètes arabes), d'extraits de ses émissions ou encore de ses cours à l'Université de Nanterre. Émouvant hommage à un penseur trop tôt disparu, Islam pour mémoire invite à dépasser les clichés pour embrasser la complexité d'une culture. Il rappelle, comme Abdelwahab Meddeb le proposait, la nécessité d'approcher l'islam comme une religion et comme une civilisation avant de prendre en considération sa condition politique et guerrière.

(Caroline Châtelet)