Co-réalisé par la théoricienne et cinéaste Laura Mulvey avec son compagnon réalisateur Peter Wollen, Riddles of the Sphinx (Les Enigmes du Sphinx) s'intéresse à la situation des femmes dans la société occidentale des années 1970. Sous la forme de l'essai cinématographique, le film expérimental agrège images, paroles en voix off et textes de divers registres pour mettre au jour les mécanismes du patriarcat. L'ensemble du propos se déroule sous la figure du Sphinx, associé dans le mythe d'Œdipe au mystère de la maternité.

Laura Mulvey et Peter Wollen fondent leur geste de réalisateurs sur leur reproche au cinéma hollywoodien de véhiculer une vision phallocentrée, où la femme est une figure passive et fétichisée. Riddles of the Sphinx débute par la vision d'un article de l'artiste surréaliste Félix Labisse, L’Énigme de la femme, publié dans une revue française de cinéma. Tandis qu'une citation de Gertrude Stein apparaît (A narrative of what wishes what it wishes it to be - Un récit de ce qui désire ce qu'il désire être), les pages se tournent, révélant des représentations du Sphinx. Le film se déploie ainsi à l'aune de cette figure et de son analyse par Mulvey. Structurée en sept chapitres, accompagnée par les musiques planantes de Mike Ratledge, l’œuvre associe les situations dans une composition hypnotique parfois teintée de lyrisme. En son cœur, le parcours de Louise dans un quotidien stylisé, filmé en treize plans-séquences circulaires à 360°, façon d'imaginer une autre manière de filmer les femmes. Dans cette société patriarcale, "cette culture qui n'est pas la leur", maternité, travail, famille sont autant d'obstacles.

(Caroline Châtelet)