Au loin, sur la colline, les ruines d'une forteresse. Une route rectiligne tracée au XVII^e siècle descend sur Bierre-lès-Semur, petit village de Bourgogne. Avant la route, sous le régime féodal, le village vivait replié sur lui-même. Avec la route, une économie nouvelle s'est développée, fondée sur la circulation et les échanges. Aujourd'hui, l'autoroute A6 passe à 1 kilomètre du village.

Peu fréquentée, la route royale est devenue un chemin vicinal. Son tracé, indifférent au relief vallonné, est la cause de sa déchéance. Dès le XIX^e siècle, elle n'est plus adaptée. La nouvelle départementale contourne le village. Bierre s'isole à nouveau. Jean-Loïc Portron remonte le fil du temps et raconte comment l'agriculture, l'élevage et les progrès techniques modifièrent l'environnement ; comment le village s'ouvrit au monde moderne tandis que se développait le réseau routier ; comment le paysage évolua avec le prix du blé ou de la viande ; comment l'exode rural fut stoppé grâce à l'automobile même si l'école, les commerces, les lieux de travail ou de loisirs sont ailleurs. Aujourd'hui, sur les 54 habitations de Bierre-lès-Semur 24 sont des résidences secondaires occupées en majorité par des Parisiens.

(Sadia Saïghi)